UNE HIVERNALE AU CŒUR TROPICAL Du poison ou un don du...

Hivernale Des Templiers, le texte de sa publication du 07-12-2017 09:29:43 :
UNE HIVERNALE AU CŒUR TROPICAL

Du poison ou un don du ciel, venin ou élixir ? Quel était le devin bien né, bien assuré pour affirmer que le pire pouvait être à craindre ? Quel était le diseur de bonne aventure pour ne s’émouvoir de rien et garantir le meilleur ?

La veille, alors que le blizzard soufflait à joues gonflées, l’organisation jouait de métaphores pour chasser le mauvais œil, pour souffler sur les mauvaises pensées. Mais rien n’y faisait. Le doute était bien là.

Serait-ce fleur de sel ou verglas sans couche de sel ? Des routes à la limite du praticable, des chemins à la limite de sombrer sous un épais manteau de neige fraîche, des bénévoles transis à scruter la cime des arbres se plier sous les assauts d’un vent du Nord mordant. Un bras de fer s’annonçait, une partie de poker aux cartes mal distribuées…mains gelées, mains gercées à chercher la bonne pioche. La Couvertoirade de rigoler sous cape, repliée dans ses remparts qui ont été flagellés de mille tourmentes.

Au petit matin, la lune serait pleine, la lune serait rousse. Mais serait-ce suffisant à rassurer coureurs, organisateurs, volontaires ? Oui volontaires pour affronter un froid polaire, un froid sibérien. Un -7° annoncé et vérifié, un -11° en ressenti annoncé, un -14° en ressenti enregistré…bref cette Hivernale serait cinglante, tranchante, carnassière, inhospitalière. Pour ne pas faire mentir que le Larzac, ce n’est pas une vieille arnaque. Il y a de la rudesse, c’est vachard, c’est parfois cruel, c’est carrossé, raboté, sculpté pour les rituels.

Cette Hivernale serait donc un rituel, une marche initiatique, une course dépouillée, dans le gris d’un hiver déjà maudit, dans le vent d’un hiver déjà chienlit, dans le froid d’un hiver qui cogne jamais à la porte du paradis. Avec la petite idée bien avouée d’offrir un retour à l’essentiel du trail, pour déplier à nouveau l’étiquette froissée, papier mâchée d’un sport simple, un sport de contact, un sport de combat.

Car le Larzac, le Guilhaumard, ce sont des contrées qui se méritent. On ne les contourne pas. On les affronte. Terre de passage, terre d’exclusion, terre d’affrontement, ça donne de la résonnance. C’est une terre de transhumance, d’endurance. Elle donne de l’épaisseur, de la couenne, elle donne du coffre, une cote de maille à celui, à celle qui met le pied sur le pavé froid de la Couvertoirade, sur le rocher froid du Pas du Tirecul, sur l’herbe gelée de la Devèze, revêche, amère.

L’Hivernale serait donc plus épicée qu’un curry de Madras, qu’un jerk de Kingston. Aussi onctueux et puissant qu’un Roquefort de la cave Templiers. Il en fut ainsi, sur ce grand plateau enneigé, fouetté d’une neige soufflée. De Mas Raynal, hameau isolé, tel un bateau échoué à Fondamente au sortir de la tourmente. Des volontaires aux pieds gelés y servant un thé fumant, réchauffant et revigorant. A Lapanouse où les Lapanousains ont, mine de rien, l’art du bal jovial. Ca roule des RRR, ça fait fondre la glace, ça donne le sourire dans les barbes gelées. Au pied de ce rocher rond comme une mappemonde, ce gros caillou posé sur son socle, rocher miroir où chacun, chacune s’est trouvé beau, moche, tordu, fier, tendre ou blanc bec.

Trois mille coureurs ont ainsi dévalé la croupe du Bassi. Ils ont pris leur élan, aux abords des grands cirques, St Paul des Fonds, St Beaulize, Tournemire où autrefois, au pied de ces grandes falaises ocres, le dinosaure se la coulait douce. Un ancien, Michel Rabat, le catalan brun et barbu, aux commandes de l’Orchis, un jeunot, jambes nues, aux joues fraîches et rougeoyantes, à la proue de l’Astragale, Thomas Cardin, nouvelle garde du trail communautaire, nouvel ange blanc d’un trail blanc. Un Lorblanchet, une Karine Herry, un Lothodé, tous les trois sur l’Orchis, dans le souvenir des autrefois, dans le passé des Templiers.

En traversant la grotte des Maquisards, il était déjà acquis que cette première serait à graver dans le dur du Combalou, cette table rocheuse où Roquefort s’est construit, face Nord, là où l’hiver, le gel est bien le seul à siffloter dans les ruelles esseulées de la cité fromagère. Un Roquefort ragaillardi, un brin enivré par ce petit air de fête. Certains de dire « depuis la Mano Negra, on n’avait pas revu cela ». Une salle des fêtes bondée à craquer sur les coutures, un bel escalier construit vite fait, quelques marches en bois blond pour que chaque arrivant puisse grimper sur la scène, une scène pour tous, le Larzac à chacun. Le privilège d’une Hivernale au cœur tropical !

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La publication complète :

Une publication de Hivernale Des Templiers

Trail hivernal organisé par TEMPLIERS EVENTS le 3 décembre 2017.
Elle est la petite sœur du Festival des Templiers. Pour sa première édition, 5 circuits sont proposés du Larzac Sud, au pays du Roquefort et des cités Templières.

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